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    Dès le début de la Première Guerre mondiale, l’État français cherche à constituer un témoignage visuel du conflit. Entre 1914 et 1916, plusieurs peintres accrédités par le ministère de la Guerre sont envoyés sur le front afin de produire des œuvres destinées à enrichir les collections nationales, mais cette politique reste dispersée.

    Les missions artistiques : un nouveau cadre pour peindre la guerre

    À la fin de l’année 1916, un tournant s’opère avec la création officielle des missions d’artistes aux armées pour répondre — au-delà de la propagande — à l’enjeu de la représentation de la guerre dans les collections nationales. Directeur du musée du Luxembourg et président du comité de sélection des œuvres qui y seront exposées tous les mois, Léonce Bénédite souhaite vouloir « de véritables artistes qui soient susceptibles de saisir l’atmosphère du front, qui prennent des vues de ce qui se passe avec sensibilité, avec émotion, et que ce ne soit pas de vulgaires cartes postales que l’on vienne présenter à la commission ». Deux grands profils se dessinent : une majorité d’artistes issus des cercles académiques et traditionnels, et une minorité plus novatrice, rattachée aux courants modernes (nabis et post-impressionnistes).

    Des artistes volontaires en mission sur le front

    La jeune génération de peintres ne peut participer, puisqu’elle est mobilisée. Seuls les artistes libérés d’obligations militaires, ou incorporés dans certains services auxiliaires, peuvent postuler. Environ quatre-vingts peintres prennent part aux missions entre février 1917 et janvier 1918, pour une durée d’un mois, et à leurs propres frais. Plusieurs d’entre eux ont une réputation déjà bien établie, tels Édouard Vuillard, Pierre Bonnard, Maurice Denis ou Félix Valloton. Ces artistes sont accueillis sur le front, mais tenus à distance de la première ligne pour des raisons de sécurité. Ils réalisent croquis et notes, avant de travailler leurs toiles en atelier. L’État se réserve ensuite la possibilité d’acheter certaines œuvres à un prix modique.

    Peintres au front, portant le brassard « Beaux-Arts ». 
1917, Bras (Meuse).
    Peintres au front, portant le brassard « Beaux-Arts ».
    1917, Bras (Meuse).
    © Ernest Baguet/SPA/ECPAD/Défense/SPA 35 Y 1367

    Au musée du Luxembourg, que voit-on de la guerre ?

    Les peintres aux armées. Panneau de Lucien Pénat et Jean Edouard Vuillard. 
1916, Paris, musée du Luxembourg.
    Les peintres aux armées. Panneau de Lucien Pénat et Jean Edouard Vuillard.
    1916, Paris, musée du Luxembourg.
    © Albert Moreau/SPA/ECPAD/Défense/SPA 204 M 3945

    Leurs travaux sont présentés tous les mois au musée du Luxembourg, alors seul musée d’art contemporain de la capitale. Les clichés de ces expositions prises par les photographes de la SPA nous montrent des paysages désolés, des villages en ruines ou encore le quotidien des soldats… mais ni les morts, ni le feu de la guerre n’y apparaissent, les peintres étant nécessairement hors de l’action, pour leur sécurité.

    Le résultat de ces missions artistiques suscite le débat. Que représenter de la guerre ? La montrer permet-il de mieux la comprendre ? Certains, comme le critique Le Rousseur dans Le Crapouillot, reprochent aux artistes de ne pas refléter la véritable expérience de la guerre, et soulignent l’écart entre la guerre vécue et la guerre représentée, réduisant la guerre au seul front. Le peintre Félix Vallotton, dans un article paru en 1917 dans Les Écrits nouveaux, défend une approche introspective : « La guerre est un phénomène strictement intérieur, sensible au dedans, et dont toutes les manifestations apparentes, quel qu’en puisse être le grandiose ou l’horreur, sont et restent épisodes, pittoresque ou document ». Après la quatrième exposition, certaines critiques dénoncent la baisse de qualité des œuvres présentées. Les autorités réduisent le rythme des expositions et renforcent la sélection des tableaux jugés dignes d’être montrés.

    Une mémoire picturale de la Grande Guerre

    Ces missions témoignent d’un effort de l’État pour organiser la représentation picturale d’une guerre en cours, avec la volonté de constituer une collection, entre représentation militaire traditionnelle — soutenue par le ministère de la Guerre — et aspiration à la modernité. Les œuvres achetées par l’État ne trouvent pas immédiatement leur place au musée historique de Versailles, mais rejoignent en 1924 le nouveau musée de la Grande Guerre à Vincennes, avant d’être conservées par la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC). Elles sont aujourd’hui conservées par la Contemporaine (à Nanterre), qui en est l’héritière :

    • elles peuvent être consultées sur le site l’Argonnaute, bibliothèque numérique de la Contemporaine ;
    • certaines sont exposées dans l’Atelier de l’histoire — parcours permanent de la Contemporaine, accessible en visites libre ou guidée pour les scolaires.

    Toutes les informations sont sur le site de La Contemporaine.

    Edouard Vuillard, L’interrogatoire du prisonnier allemand, 1917
    Edouard Vuillard, L’interrogatoire du prisonnier allemand.
    1917, collection La Contemporaine.

    Recherche sur le site ImagesDéfense

    Quatre reportages correspondant à quatre expositions au musée du Luxembourg (avril, mai, juin 1917 et mars 1918) sont consultables sur ImagesDéfense. L’utilisation du filtre « reportage » permet de travailler séparément sur chacune de ces expositions, mais aussi de comparer les images des différents photographes ayant réalisé ces reportages, ou encore de comparer les expositions.

    MOTS-CLÉmusée Luxembourg exposition  4 résultats
    FILTRESType : reportage
    Période : première guerre mondiale

    Pistes pédagogiques

    • Dans la peau… d’un soldat en visite de l’exposition.
    • Dans la peau… d’un des photographes auteurs de ces reportages.

    Ressources en ligne

    • Vu du front. Représenter la Grande Guerre. Dossier pédagogique réalisé à l’occasion de l’exposition Vu du front. Représenter la guerre, présentée au musée de l’Armée et à la BDIC du 15 octobre 2014 au 25 janvier 2015, site Internet lacontemporaine.fr
    • François Robichon, « Les missions d’artistes aux armées en 1917 », Peindre la Grande Guerre, 1914-1918, Cahiers d’études et de recherches du musée de l’Armée (CERMA), no 1, 2000, p. 55-79. En annexe de cet article très complet figurent les noms des artistes de chacune des missions, ainsi que les dates des expositions au musée du Luxembourg.

    Prolongements

    La mission de peintre aux armées se poursuit après la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, les peintres officiels des armées ne sont pas des militaires (même si des militaires ont reçu ce titre), et ne sont plus seulement des peintres. Graveurs, dessinateurs, illustrateurs, sculpteurs ou encore photographes peuvent concourir pour voir leurs œuvres exposées à l’occasion des salons organisés tous les deux ans par les états-majors des armées. Ils peuvent recevoir le titre officiel de peintre des armées, sur sélection d’un jury composé de militaires, de membres du monde de l’art et de peintres déjà nommés, puis décision du ministre des Armées. Ils sont sollicités notamment lors de la réalisation d’exercices ou de démonstrations militaires, dans des conditions qui ne mettent pas leurs vies en danger.

    Lors de la démonstration de matériel – IHEDN, un peintre aux armées pendant la séance de tir.
    Lors de la démonstration de matériel – IHEDN, un peintre aux armées pendant la séance de tir.
    2005, Mourmelon.
    © Eric Le Pichon/ECPAD/Défense/N2005-345L02-0024