Roger Jouanneau-Irriera, témoin graphique de la campagne d’Italie (1943-1944)
Engagé volontaire dans l’armée française dès septembre 1939, à plus de 55 ans, Roger Jouanneau-Irriera participe à la Seconde Guerre mondiale comme peintre de l’armée. Il couvre notamment la campagne de libération de l’Italie, en parallèle du travail des opérateurs du Service cinématographique de l’armée (SCA). Les deux productions offrent des regards complémentaires, entre témoignages sensibles et ressources visuelles documentaires.
Un artiste-soldat des deux guerres
Roger Jouanneau-Irriera (1884-1957) est un peintre formé aux Beaux-Arts. Mobilisé durant la Première Guerre mondiale, il combat en France et dans les Balkans tout en dessinant son quotidien de soldat. Il est d’ailleurs exposé au salon de l’armée au Jeu de Paume en 1917. Dans l’entre-deux-guerres, il voyage en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, produisant une œuvre abondante et illustrant de nombreux ouvrages (atlas, guides touristiques, publications scientifiques notamment). En 1939, il s’engage à nouveau comme volontaire. En 1943, il est officiellement missionné en tant que peintre de l’armée, et accompagne les troupes françaises de la Tunisie à l’Allemagne.
![Vingt-cinq silhouettes dans une place de la capitale macédonienne [Salonique] par Jouanneau-Irriera](https://www.ecpad.fr/wp-content/uploads/2025/10/SPA-68-B-4709_resultat-scaled.jpg)
Janvier 1917, Paris.
© Paul Queste/SPA/ECPAD/Défense/SPA 68 B 4709
Un peintre en action dans la campagne d’Italie

20 mars 1944, Italie.
© Photographe inconnu/SCA/ECPAD/TERRE 178-3849
Du 10 janvier au 20 août 1944, il accompagne le Corps expéditionnaire français (CEF) en Italie, « afin de conserver, selon les ressources de son art, le souvenir des circonstances et de la préparation du transport et les opérations du Corps expéditionnaire français », comme l’indique la décision du 1er décembre 1943 portant autorisation de recrutement de peintres des armées. Chargé de cette mission précise, le peintre bénéficie néanmoins d’une grande liberté dans l’exécution de son œuvre. Durant cette période, Jouanneau-Irriera suit les troupes et parcourt le front pour remplir sa mission de « témoin graphique ». Animé d’un courage certain, il ose affronter les situations de combat pour croquer sur le vif les soldats sur les premières lignes du front, ainsi que les paysage aperçus rapidement. Une fois au campement, il poursuit et achève son œuvre. S’il produit quelques vues de paysages naturels et urbains traversés durant la campagne, il s’attache avant tout aux combattants — du général d’armée au soldat. Il ne brosse pas de grandes fresques de batailles où chaque combattant est « perdu » dans une vaste scène, mais isole son sujet et se concentre tour à tour sur un ou quelques individus occupés à une activité en particulier. Il les saisit dans leur quotidien de soldat, lors des actions militaires (progression, déplacement, tirs d’artillerie, observation, etc.) mais aussi au repos dans les campements, s’occupant de leurs mulets ou encore dans leurs souffrances (évacuations sanitaires et soins par le Service de santé des armées). Les représentations de soldats coloniaux, dont plusieurs régiments font partie de cette campagne, sont particulièrement nombreuses.
Deux regards pour une même mission
Parallèlement, les photographes du Service cinématographique de l’armée (SCA) ont pour mission de suivre les armées de Libération, afin d’en documenter l’action, à la fois pour les archives et pour la communication de guerre, destinée à rassurer la population alliée et contrecarrer la propagande allemande. Quatre-vingts reportages conservés à l’ECPAD témoignent de cette mission. Ils montrent principalement la vie quotidienne des troupes, leur progression, les inspections par les officiers généraux, les cérémonies militaires et la libération des villes.
![Roger Jouanneau-Irriera, Les avions américains pulvérisent Cassino. [Les généraux Juin et de Monsabert observant le bombardement]. Dessin à l’aquarelle et à l’encre de Chine](https://www.ecpad.fr/wp-content/uploads/2025/10/5150908_original.jpg)
Dimensions (H x L) 25 x 32 cm. Service historique de la Défense, 2K268, série 5, dessin no 62

20 mars 1944, Italie.
© Auteur inconnu/SCA/ECPAD/Défense/TERRE 177-3840
La comparaison des œuvres met en lumière similitudes et différences dans la représentation d’une campagne militaire. Elle révèle une même capacité d’observation et une volonté commune de saisir l’instant. Ensemble, ils forment un double témoignage — à la fois précis et sensible — de la campagne d’Italie menée par l’armée française.
La sélection des dessins et des clichés présentés ici repose sur plusieurs critères : le rapprochement visuel des images, l’esthétique, l’existence d’information documentaire (légende d’origine). Elle repose sur plusieurs critères : rapprochements visuels, valeur esthétique, présence d’informations documentaires.
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| MOTS-CLÉS | Jouanneau-Irriera | 10 résultats |
| FILTRES | Période : 1939-1945 |
Pistes pédagogiques
- Débat : les œuvres d’art peuvent-elles être considérées comme des sources historiques au même titre que les photographies militaires ?
- Questionner les différences : que montre la photographie que le dessin ne montre pas — et inversement.