L’ECPAD œuvre au quotidien pour faire connaître au plus grand nombre les fonds d’archives audiovisuelles qu’il conserve. Afin de valoriser son patrimoine d’intérêt national et d’ouvrir ses archives à la création contemporaine, l’ECPAD ouvre La Résidence au Fort, un lieu destiné à accueillir des artistes et des chercheurs au fort d’Ivry-sur-Seine. 

« Deuxième acteur culturel de l’Etat, le ministère des Armées soutient la bande dessinée : elle est un fantastique outil de transmission, un moyen formidable de consolider le lien Armées-Nation-Jeunesse », a déclaré Mme Patricia Mirallès, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire. « Cette résidence d’artiste s’inscrit pleinement dans cette démarche », a-t-elle ajouté.

Dès le mois de novembre, le premier lauréat, l’auteur de bandes dessinées Séra, intégrera la nouvelle résidence d’artiste. Il dévoile son nouveau projet de bande dessinée et revient sur l’intérêt qu’il porte à l’histoire de son pays d’origine, le Cambodge.

Pourquoi avez-vous postulé à la résidence d’artiste de l’ECPAD ?
Depuis un certain temps, je scrute les diverses publications de l’ECPAD. J’ai compris qu’il pouvait être le gardien de la mémoire des recherches que je mène depuis plus de trente ans sur l’Asie du Sud-Est, et notamment la guerre du Cambodge.


Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’œuvre que vous allez réaliser ?
Je vais aborder un thème nouveau pour moi : l’histoire de l’Indochine française entre 1945 et 1954. L’album traitera notamment du coup de force des Japonais en 1945 contre les Français. C’est un fait historique méconnu, surtout du jeune public. Je ne cherche pas à adresser un message en particulier : les lecteurs tireront chacun leur propre conclusion du livre. J’essaye simplement de donner des clés pour qu’ils disposent d’une autre approche de l’Histoire.


Pensez-vous trouver à l’ECPAD des archives déterminantes pour la création de cet album ?
Je suis en effet très intrigué de voir ce qui peut s’y cacher. Je pense y dénicher des éléments qui me fourniront une base visuelle narrative pour aborder le sujet. Grâce à eux, je pourrai aller au-delà de ce qui nous a déjà été montré. Je suis en quête de matière.


Plus globalement, pourquoi utilisez-vous la bande dessinée pour aborder l’aspect mémoriel ?
Depuis toujours, la bande dessinée est mon langage de prédilection. J’y ai été très rapidement plongé grâce à ma mère. Dans les années 1960, elle recevait les journaux Tintin et Spirou au Cambodge. Ils proposaient des récits courts autour de faits historiques réels. Découvrir des pans de l’Histoire à travers le dessin et le texte me fascinait. Lorsque j’ai voulu aborder la guerre du Cambodge dans mes premières bandes dessinées, je me suis rapidement demandé comment retranscrire des faits historiques sans qu’ils apparaissent anodins et secondaires par rapport à la fiction. J’articule donc une approche narrative autour de l’enchaînement de faits historiques que j’ai reconstitués.

Né à Phnom Penh en 1961, Phouséra Ing, alias Séra, a publié plusieurs ouvrages sur la guerre au Cambodge tels que Lendemains de cendres et Concombres amers. Dans le cadre de la résidence d’artiste, son projet narratif et visuel porte sur l’histoire de l’Indochine française de 1945 à 1954. Son récit évoquera le coup de force du 9 mars 1945, date de la prise de contrôle total de l’Indochine française par l’Empire du Japon, que son armée occupait depuis 1940. À partir de ce tournant dans l’histoire de l’Indochine, l’auteur abordera les combats menés par la France au Tonkin, en Annam et Cochinchine, mais également la situation au Laos et au Cambodge.