1) Depuis 2010, le ministère des Armées (à travers la DMCA) et son opérateur l’ECPAD sont partenaires du Festival international du film d’histoire de Pessac, qui consacre dans chaque édition une journée thématique à la défense. Quelle est l’origine et la place de cette journée dans le festival ?

Déjà 13 ans ! Le ministère des Armées est effectivement un partenaire ancien et essentiel du festival du film d’histoire de Pessac. À côté de la thématique annuelle choisie (Notre terre en 2023, Masculin, féminin en 2022…) déclinée à travers 60 films et 30 débats, notre festival propose quatre compétitions de films d’histoire dont trois dédiées aux documentaires. En 2023 nous avons reçu 209 films inscrits et Pierre-Henri Deleau, notre délégué général, en a retenu 27. Très clairement, la DMCA et l’ECPAD y sont, de manière récurrente, très présents soit comme coproducteurs soit comme source d’archives. Mais notre partenariat est surtout la possibilité de valoriser le travail du ministère des Armées pendant la journée du mercredi avec deux avant-premières en présence des auteurs et producteurs et un dîner où les jurys et personnalités se retrouvent pour échanger. Cette année, nous avons eu le plaisir de projeter l’impressionnante histoire militaire et architecturale du Mur de l’Atlantique de Vincent de Cointet ainsi que le très original Mémoire des murs de Jérôme Mauduit. En 2022, nous avions également projeté un programme d’archives de l’ECPAD intitulé Un lent parcours vers l’égalité, la représentation des femmes dans les archives audiovisuelles de l’armée.

Cette journée est devenue un rendez-vous très apprécié par notre public. Le président du festival Alain Rousset, également président de la région Nouvelle-Aquitaine, y est particulièrement attaché.

2) Selon vous, quelles sont les relations entre l’histoire des conflits et l’Histoire ?

Les conflits, les guerres sont les faits saillants de l’Histoire et particulièrement de ses représentations visuelles. En tant que directeur d’un festival du film d’histoire, je suis toujours frappé par le nombre de productions consacrées, encore aujourd’hui, aux deux guerres mondiales, aux guerres de décolonisation ou encore au conflit israélo-palestinien. Ces guerres ou ces conflits des XXe et XXIe siècles ont été abondamment filmées, elles ont fait l’objet d’innombrables travaux de recherches historiques. Une matière narrative considérable est donc disponible pour essayer de comprendre, de raconter et de transmettre ces histoires qui ont bouleversé des millions de vies humaines. Ce dont on peut se réjouir, c’est qu’à côté de narrations spectaculaires ou héroïques, de plus en plus d’historiens et de cinéastes cherchent à renouveler l’historiographie, notamment sur les prémices des conflits ou bien sur la difficulté de faire la paix. Ils peuvent intégrer dans leur analyse une vision mondialisée, à long terme, ou bien, à l’inverse, ils pourront avoir recours à la micro-histoire pour mieux rendre perceptible le caractère universel de certaines situations de conflits. L’actualité nous rappelle toute la complexité et la longue durée des guerres et des conflits et à quel point ils pèsent sur le cours de l’histoire.

3) Quel regard portez-vous sur ces 13 ans de partenariat entre l’ECPAD et le festival de Pessac ?

Comme de nombreuses manifestations, le festival de Pessac a besoin de partenariats solides et durables. Au même titre qu’avec la revue L’Histoire, France Télévisions, Arte, Toute l’histoire, la SCAM ou les universités de Bordeaux, le partenariat avec le ministère des Armées s’appuie sur des missions partagées : la valorisation des archives, du travail des historiens et des documentaristes, la transmission des œuvres et des savoirs auprès d’un large public, en particulier scolaire. Notre partenariat s’est toujours fait dans un esprit de co-construction, de respect des souhaits et des contraintes de chacun et dans une relation qui allie l’exigence artistique et historique avec la convivialité propre à notre région du Sud-Ouest.
Pour les producteurs, les cinéastes et les diffuseurs, la présence permanente de la DMCA et de l’ECPAD à Pessac constitue une raison supplémentaire de participer au festival. C’est pour nombre d’entre eux l’opportunité de prendre contact avec les représentants du ministère des Armées et de leur faire part de leur projet. Ainsi notre partenariat permet l’éclosion de nouveaux projets. Cette dimension professionnelle se renforce d’année en année.