Derrière les masques. Photographies des deux guerres. Dossier pédagogique de l’exposition
Objet emblématique de la Première Guerre mondiale, le masque à gaz témoigne de l’entrée de la guerre dans l’ère industrielle et scientifique. À la fois outil de survie et objet terrifiant, il cristallise l’angoisse de la guerre chimique et incarne la dimension totale du conflit.
Le 22 avril 1915, à Ypres, l’armée allemande lance une attaque au chlore contre les troupes françaises, belges et britanniques. Cette offensive fait près de 5 000 morts et provoque des blessures respiratoires et cutanées chez environ 15 000 soldats. Par son ampleur et la peur qu’elle inspire aux Alliés, elle marque un tournant dans la guerre. Dès lors, se protéger devient une priorité. Le masque à gaz s’impose rapidement comme un élément essentiel de l’équipement des soldats et des civils français. Fabriquées dans l’urgence au printemps 1915, les premières protections rudimentaires se perfectionnent au fil du conflit pour évoluer vers les modèles intégralement couvrants que nous connaissons, aujourd’hui emblématiques du premier conflit mondial.
Comment montrer la guerre des gaz ?
Dans le large corpus de photographies et de films produits par les Sections cinématographique et photographique de l’armée (SCA et SPA) pendant le conflit, le sujet des gaz de combat est peu représenté. Il est traité de manière indirecte, à travers l’objet « masque » qui permet de le matérialiser.
Tout au long de la guerre, les photographes de l’armée constituent un ensemble d’images montrant soldats et civils dans diverses situations d’entrainement au port du masque, au service d’une propagande visant à renvoyer l’image d’une situation maîtrisée face à cette menace inédite. Paradoxalement, en effaçant les visages, les masques confèrent aux images un aspect terrifiant, et deviennent des objets angoissants, matérialisant encore aujourd’hui la peur d’un ennemi invisible. Tout comme celles des tranchées, ces images ont largement façonné notre représentation de la Grande Guerre.

1er – 28 février 1916 — Pont-à-Mousson
Groupe d’enfants munis de masques contre les gaz asphyxiants.
Réf. : SPA 12 X 420 © Jacques Agié/ECPAD/Défense
Le masque à gaz : un fil rouge pour une guerre totale
Au-delà de leur impact psychologique, les masques incarnent la transformation du conflit en guerre totale mobilisant la science, l’économie, la société tout entière.
Ce dossier propose aux enseignants de travailler la dimension totale du conflit avec leurs élèves à travers le masque à gaz, à la fois témoin et instrument de la guerre totale, à travers trois thématiques :
Ressources
Programmes scolaires
Troisième
- Thème 1, chapitre 1 : « Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale »
Première
- Voie générale : Thème 4, chapitre 2 « Les sociétés en guerre : des civils acteurs et victimes de la guerre »
- Voie Technologique : Thème 4 : « La Première Guerre mondiale et la fin des empires »
- Voie professionnelle : Thème 2 : « Guerres européennes, guerres mondiales, guerres totales »
Les masques à gaz français durant la Première Guerre mondiale : chronologie
Signature de la convention de La Haye interdisant l’utilisation des agents chimiques comme arme de guerre.
Première attaque au gaz contre les positions françaises et britanniques à Ypres (Belgique). L’attaque coûte plus de 5 000 hommes aux troupes françaises et 15 000 intoxiqués.
Seconde attaque du saillant d’Ypres vers les lignes canadiennes, qui cause moins de morts car les soldats ont eu pour consigne de se protéger avec des mouchoirs ou des chaussettes imprégnés d’eau ou d’urine.
Première réunion de la Commission sur l’emploi des gaz, réunissant des officiers et des savants. Remplacée en juin par une commission dite des « Études chimiques de guerre ».
Distribution des compresses C1.
Fabrication du tampon français type P 1 contre le phosgène.
Réunion de la commission de protection et présentation du nouveau tampon dit « T » (Tambuté), plus rapide à mettre en place sur le visage.
Arrivée dans l’armée allemande du Gummimaske, composé d’un masque recouvrant le visage et d’une cartouche filtrante vissée sur l’avant du masque.
Les troupes allemandes utilisent des obus à l’ypérite (« gaz moutarde »), un agent vésicant qui attaque la peau. Son utilisation bouleverse les systèmes de protection existants en raison de ses effets persistants.
Distribution des masques ARS français, livrés à 5 millions d’exemplaires.