L’artiste et chercheuse Camille Kaiser s’intéresse à l’histoire de la colonisation française de l’Algérie. Son projet de recherche porte sur le transfert des monuments et statues publics de l’Algérie vers la France les mois suivants l’indépendance algérienne en juillet 1962. L’artiste s’intéresse en particulier aux moments de friction autour de ces statues et monuments, tels que les actes et les actions de détournement, de résistance, de réappropriation ou de dégradation, ainsi que les moments de leur déboulonnement et du transport par l’armée française. 
Ses recherches à l’ECPAD lui ont permis de consulter le fonds d’archives portant sur l’Algérie. Camille Kaiser a été particulièrement marquée par certains documents vidéographiques liés au 5 juillet 1962, jour de la déclaration d’indépendance en Algérie. « On y voit notamment la statue en bronze de Jeanne d’Arc : ce jour-là, à Alger, un groupe d’hommes a recouvert la statue d’un haïk, un tissu blanc traditionnel, et a remplacé son épée par un drapeau algérien », explique la chercheuse qui s’intéresse aux transitions historiques. Quelques semaines plus tard, cette statue a été démontée puis transférée par bateau en France. « Les images conservées par l’ECPAD sont précieuses pour mon travail dans le sens où il s’agit parfois des uniques documents rendus publics et accessibles qui témoignent d’un événement ou d’un moment historique particulier, estime Camille Kaiser. Ces recherches m’ont permis d’avoir accès à des milliers de documents qui sont conservés et mis à disposition dans les meilleures conditions. »

Photogrammes issus de la référence ACT 6192

En 2022, l’artiste a reçu le prix d‘art Kiefer Hablitzel | Göhner, décerné chaque année à des artistes de moins de 30 ans vivant en Suisse. Cette distinction récompense son travail réalisé à partir d’images issues des archives de l’ECPAD et de la correspondance familiale de Camille Kaiser, le grand-père de l’artiste ayant vécu en Algérie. À partir d’installations vidéo, de textes et d’œuvres graphiques, la chercheuse y confronte des objets monumentaux et des objets du quotidien, questionnant leur signification et leurs implications coloniales à partir d’un point de vue personnel.